BAROMÈTRE. Les sommets semblent avoir été atteints en matière de taux de fret spot sur la route Asie-Europe, malgré une tension persistante en Mer Rouge. Cela conforte l’idée d’une demande structurellement molle.
Le scénario post confinement du printemps 2020, avec des taux de fret FAK à 5 chiffres sur l’Asie-Europe, ne va finalement pas se rejouer durant cet été 2024, contrairement à ce qu’affirmaient certains acteurs du marché. Un palier est atteint sur l'Asie-Europe dans un marché qui s’est maintenant normalisé via la route du cap de Bonne-Espérance. Sur le transatlantique, le marché continue de s’éroder lentement, en raison d'un excès de capacités.
Les compagnies maritimes envoient un signal de modération au marché via la publication de nouvelles conditions FAK mensuelles stabilisées ou à la baisse. Deux raisons expliquent cette stratégie. Tout d’abord, les compagnies ont intérêt à capter plus de réservations via leurs propres outils digitaux. D’autre part, elles voient d’un assez mauvais œil que leurs clients transitaires dégagent proportionnellement des marges beaucoup plus importantes qu’elles, alors qu’elles prennent tous les risques opérationnels et capitalistiques.
- Une demande molle
D’une certaine manière, la demande pourrait être qualifiée de "boudeuse". Pour les chargeurs, le passage par la route du Cap est trop long et les taux de fret sont trop élevés. Par ailleurs, ils manquent de visibilité sur les prévisions de vente, alors même que les stocks restent à un niveau raisonnable. Les chargeurs peuvent donc se permettre d’attendre, quitte à s’approvisionner plus près des lieux de consommation si besoin. Dans ce contexte, il n’y a pas eu de mouvement massif de reconstitution des stocks. En revanche, il y a bien eu une anticipation sur les campagnes d’approvisionnement de Noël. Les chargeurs ont pris en compte les risques de délais allongés, mais aussi, dans une moindre mesure, les menaces de relèvement des droits de douane à l’entrée dans l’Union européenne sur certains produits.
- Persistance des tensions au Moyen-Orient
La tension extrême ne se dément pas en mer Rouge. Depuis le début du conflit, les Houthis ont mené quelque 200 attaques. Deux navires ont été coulés et 4 marins tués, dont 2 Philippins. De plus en plus de voix s’élèvent dans la communauté internationale au sens large autour d’un besoin de normalisation de la sécurité maritime dans la zone, à commencer par Israël qui commence sérieusement à souffrir de l’isolement géographique sur la durée. Le 20 juillet, des avions israéliens ont lancé des raids contre le port yéménite d’Hodeida, en riposte à une attaque de drone qui a fait un mort à Tel-Aviv. Début juillet, l'Autorité de l'industrie maritime des Philippines (MARINA) a appelé les compagnies maritimes à éviter la mer Rouge, mais aussi le golfe d'Aden. En effet, le conflit tend à s’élargir géographiquement (...)
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