Taux de fret maritime : les moteurs de la rentabilité sont en panne

BAROMÈTRE. Dans un contexte de demande morose, les taux de fret dans le transport maritime de conteneurs baissent ou au mieux se stabilisent selon les marchés. Les segments les plus rentables sont touchés.

Les faits marquants du mois

• Reprise des attaques en mer Rouge

Après une période d’accalmie, les attaques des Houthis contre des navires commerciaux ont repris violemment au mois de juillet, avec deux navires coulés et au moins quatre membres d’équipage tués. Cette résurgence des attaques éloigne la perspective d’un retour du trafic conteneurisé via le canal de Suez au deuxième semestre. Les surprimes pour risques de guerre pour traverser le détroit de Bab-el Mandeb s’envolent à nouveau.

Cette situation n’a pourtant pas empêché des navires du constructeur automobile BYD d’emprunter sans encombre cet itinéraire. Le 15 juillet, le navire roulier BYD X’IAN est passé par le canal de Suez à l’occasion de son voyage inaugural entre Singapour et l’Italie et quelques jours auparavant, le 27 juin, le BYD HEFEI avait fait de même. "Nous prévoyons que le tonnage des navires rouliers transitant par le canal augmentera d'au moins 20 % au second semestre 2025 par rapport au premier semestre", a déclaré l'Amiral Ossama Rabiee, président-directeur général de l'Autorité du canal de Suez. Un mouvement qui conduit les observateurs à s’interroger sur les garanties obtenues par la compagnie chinoise pour faire transiter des marchandises d’aussi grande valeur, alors que les attaques reprenaient.

• Demande morose

Le 27 juillet 2025, les États-Unis et l’Union européenne ont conclu un accord commercial. Les États-Unis vont appliquer un droit de douane de 15% à la grande majorité des exportations de l'UE. L’accord comporte encore bien des zones d’ombre, mais les exportateurs et importateurs espèrent disposer enfin d’un cadre un peu plus stable pour gérer leurs relations commerciales.

Si le feuilleton des droits de douane a pu soutenir la demande au premier semestre, par un effet d’anticipation des commandes, force est de constater que de façon structurelle, les volumes conteneurisés Est/Ouest risquent de faiblir sur le transpacifique et de stagner avec l’Europe. La croissance des échanges conteneurisés est aujourd’hui clairement orientée sur l’intra-Asie et l’Indo-Pacifique. Cette stagnation des volumes n’est pas à considérer comme un décrochage mais comme un plateau haut que le marché semble avoir atteint pour ce qui concerne les échanges conteneurisés transocéaniques.

• Évolution des prix

 Sur l’axe Asie-Europe, le maintien du passage des navires par la route du cap de Bonne-Espérance ne suffit plus à alimenter la tension sur le marché. Les tentatives de restauration des taux de fret patinent (...)