BAROMÈTRE. Les taux de fret maritime ont commencé à baisser sur la plupart des grands axes en janvier, à l’approche du Nouvel An chinois. Le déploiement des nouvelles alliances interviendra dans un environnement périlleux.
De novembre à mi-janvier, les compagnies maritimes ont déployé une stratégie très efficace pour leur santé financière. En raison des nombreuses annulations d’escales, le pic de demande de fin d’année s’est, comme prévu, heurté à une offre contenue. C’était le scénario écrit et annoncé par MSC, qui a brusquement restauré le marché des taux FAK à l’automne, le reste des opérateurs lui emboîtant peu ou prou le pas. Cette technique leur a permis de surperformer durant les derniers mois de l’année calendaire 2024, dans une sorte de "rally de fin d’année" digne du monde de la finance.
Le marché spot en baisse
Mais la situation a commencé à basculer en janvier. La demande, qui avait été stimulée les mois précédents par l’approche des fêtes de fin d’année, synonyme de consommation accrue, mais aussi par la perspective des droits de douane additionnels sur les exportations vers les États-Unis, s’est désormais étiolée. D’autre part, le Nouvel An chinois est célébré cette année assez tôt, à partir du 29 janvier, ce qui signifie que les usines chinoises ont commencé à fermer à partir de mi-janvier. La production ne reviendra à la normale que vers la mi-février. Un moment qui coïncidera quasiment avec la mise en place effective des nouveaux services issus de la recomposition des alliances maritimes, prévue à compter du 25 février.
La demande s’étant tassée plus que prévue en sortie d’Asie dès mi-janvier, le marché spot a corrigé assez clairement à la baisse, et l’on trouve déjà des taux FAK pour février sous les 3000 USD/40’ sur l’axe Asie-Europe du Nord via le cap de Bonne-Espérance. Il s’agit d’un niveau bas voire très bas, alors que se profile le lever de rideau des nouvelles alliances maritimes.
Des négociations annuelles qui jouent les prolongations
Les contrats annuels peinent à être signés. Dans notre livre blanc dédié aux appels d’offres 2024-2025, nous avions préconisé une option "late bird" côté chargeur dès le mois d’octobre dernier. Force est de constater que c’est ce qui se passe. Il est en effet très difficile pour un chargeur de conclure les négociations en cours sans savoir si la mer Rouge va rouvrir et comment les différents services des nouvelles alliances vont performer. Et comme parallèlement, le marché spot est redevenu budgétairement acceptable, cela ne favorise pas la conclusion des contrats annuels.
Une hypothèse vite démentie de réouverture massive de la mer Rouge
Après plus de 15 mois de conflit, un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est entré en vigueur le 19 janvier 2025. Le lendemain, les houthistes yéménites ont fait savoir que si cet accord était respecté, ils limiteraient leurs attaques aux seuls bateaux liés à Israël en mer Rouge et dans le golfe d’Aden. Autre signe de détente, ils ont libéré l’équipage du Galaxy Leader, capturé le 19 novembre 2023.
Une possible désescalade en mer Rouge a immédiatement été évoquée, avec à la clef un passage à nouveau massif des porte-conteneurs via le canal de Suez. Mais les compagnies maritimes privilégient la prudence (...)