Les prix du transport routier sur le marché français ont diminué en mai par rapport au mois d’avril. La chute est moins dure que prévue : - 0,86% selon notre baromètre mensuel Upply. Mais des signaux négatifs apparaissent.
L’évolution des prix du transport routier en France au mois de mai montre que les facteurs de résilience que nous décrivions en avril, comme les contrats à long terme et l’absence des flottes étrangères, ont continué à produire leurs effets. Les prix ont poursuivi leur baisse, mais à un rythme moindre. On peut toutefois se demander combien de temps cette situation va perdurer. Déjà, les flottes étrangères font leur réapparition sur le territoire français.
Source : Upply
Une dépression des prix en contre-cycle
L’observation des prix de transport en France sur de nombreuses années montre qu’il existe une saisonnalité assez forte : le premier trimestre est baissier, les 2è et 4è en général haussiers, et le 3è incertain. Le graphique ci-dessus indique assez bien ces pulsations annuelles, dont l’année 2019 est très représentative.
En 2020, la crise de la Covid-19 chamboule cette série de variations. Le second trimestre est déjà fortement marqué à la baisse, révélant une période de déflation contre-cyclique.
Celle-ci est engendrée par une demande de transport inférieure à l’offre. Les transporteurs ont quasiment tous retrouvé leur pleine capacité de transport après le déconfinement alors que les chargeurs ont redémarré plus lentement : Bruno Lemaire, ministre de l’Économie, annonçait sur France Inter le 18 juin 2020 quà fin mai, la production industrielle française était à 88% de sa capacité d’avant Covid.
La baisse des prix devient systémique
Ces pressions à la baisse trouvent un relais de façon systémique dans l’état général de l’économie française. Chacun des acteurs cherchant à réduire ses coûts pour améliorer la situation de sa trésorerie, les négociations des achats deviennent âpres, à l’image de celles du groupe Lactalis qui réduit le prix du lait acheté aux éleveurs.
Par ricochet, le transport ne peut qu’être atteint. D’ailleurs, la FNTR, lors de sa quatrième enquête concernant les conséquences de la crise sur le secteur du Transport routier de marchandises, indique que 33 % des entreprises sondées font part de pressions sur les prix de la part de leurs donneurs d’ordre et observent une forte baisse des prix en matière d’affrètement. Une tendance à la hausse, donc, puisqu’ils étaient "seulement" 28% à faire ce constat le mois dernier.
Cette situation augure de la fin probable du facteur clef de résilience des prix : les contrats à long terme. Il y a fort à parier que tous les contrats entre chargeurs et transporteurs vont être remis en cause et négociés à la baisse.
En moyenne, toujours selon cette enquête de la FNTR, les transporteurs ont perdu en moyenne 40% de chiffre d’affaires en trois mois (mars, avril et mai). Ils sont aussi confrontés un un problème de sous-productivité, avec une baisse de roulage et une hausse des kilomètres à vide. Seule la réduction du gazole (voir tableau) vient tempérer une situation qui devient critique. La profession réclame le soutien de l’État et surfe sur la bonne image acquise grâce à leur action essentielle pendant le confinement pour mettre en avant ses revendications.
LES PRINCIPAUX INDICATEURS
Source : Insee/CNR