BAROMÈTRE. Les compagnies maritimes ralentissent la vitesse des navires, pour minimiser la surcapacité, tandis que presque tous les corridors sont désormais gagnés par la baisse des taux de fret.
Dans la continuité du mois d’avril, le marché des taux de fret est resté stable en mai, mais à des niveaux à peine viables pour les compagnies maritimes sur les grandes routes Est-Ouest.
Le ralentissement économique et la dégringolade des prix se reflètent dans les résultats trimestriels des compagnies maritimes, comme le montre l’exemple des trois leaders européens. Maersk, CMA CGM et Hapag Lloyd enregistrent toutes les trois une chute très nette du chiffre d’affaires et de l’Ebitda au premier trimestre 2023, par rapport à la même période de 2022. Et comme le rappelle CMA CGM dans le communiqué annonçant les résultats du T1, la livraison de nouvelles capacités devrait continuer à peser sur les taux de fret dans les prochains mois.
Le retour du "super slow steaming"
Dans cette réalité déprimée du moment, le super slow steaming comme absorbeur artificiel de surcapacité fait son grand retour, aidé par l’alibi environnemental. Depuis le 1er janvier, conformément aux nouvelles règles de l’OMI, les navires doivent en effet collecter les données qui permettront de calculer l’indice de rendement énergétique des navires existants (EEXI) et l’indicateur d’intensité carbone opérationnel annuel (CII).
À ce titre, certaines voix commencent à questionner la pertinence des pratiques de vitesses lentes, ou hyper lentes (sous les 10 nœuds), qui aboutissent à des effets de courbe de consommation inverses à ceux recherchés. En effet, comme pour une voiture qui fonctionne trop lentement en sous régime, la consommation remonte lorsque la vitesse baisse trop.
Toute la difficulté de l’équation pour le secteur maritime est donc de faire baisser les émissions de façon plus significative et plus rapidement que la croissance du marché, ce qui ne sera pas une mince affaire pour les années qui viennent.
Une accélération du verdissement
Après avoir pu "dé-soufrer" massivement grâce à la mise en place vertueuse et globalement réussie de la réglementation IMO 2020 (même si le recours aux scrubbers fait débat), les compagnies maritimes doivent maintenant décarboner rapidement et massivement. Bonne nouvelle pour elles : les technologies avancent à grand pas (...)