INFOGRAPHIES. Le secteur du transport routier en France aborde l’année 2025 dans une situation délicate, à l’issue d’un 4è trimestre 2024 particulièrement difficile.
1/ Évolution de l’activité
(*) Activité de transport routier intérieur de marchandises réalisée par les véhicules immatriculés en France, compte d’autrui et compte propre confondus. Source des données : ministère des Transports.
- Un troisième trimestre positif
L’activité de transport routier intérieur de marchandises réalisée par les véhicules immatriculés en France a franchi de nouveau la barre des 42 milliards de tonnes-kilomètres au troisième trimestre 2024, en raison d’une croissance de 0,9 % en glissement trimestriel, en données corrigées des variations saisonnières et calendaires. Ce chiffre témoigne aussi d’une nette progression en glissement annuel, avec une croissance de 4,5% par rapport au T3 2023.
Le trafic réalisé entre une origine et une destination toutes deux situées sur le territoire national représente 95,6 % de l’activité. "Ce transport dit national rebondit de 1,1%, après -1,2% au deuxième trimestre (données révisées)", indique l’étude de conjoncture du ministère des Transports portant sur le troisième trimestre 2024, diffusée le 23 janvier dernier. La partie intérieure de l’activité de transport international du pavillon français baisse en revanche de 1,7 %, après une forte hausse de 13,5 % au deuxième trimestre 2024. Elle représente environ 1,9 milliard de tonnes-kilomètres, contre 40,4 milliards pour le transport national.
Après un recul de 2,5% au trimestre précédent (données révisées), le transport routier pour compte d’autrui, qui représente la grande majorité de l’activité, est reparti à la hausse. Il progresse de près de 3% en glissement trimestriel et s’établit ainsi à 37,7 milliards de tonnes-kilomètres, "soit son niveau le plus élevé depuis le début 2023", précise le ministère des Transports. À l’inverse, le transport pour compte propre a plongé de 13,2%, après une poussée de +15% au trimestre précédent (données révisées).
Les résultats plutôt positifs du 3è trimestre sont cohérents avec les chiffres de la croissance française. Au troisième trimestre, le PIB a progressé de 0,4%, stimulé par un effet "Jeux olympiques". Pourtant, cela n’a pas suffi à redonner confiance aux chefs d’entreprises du secteur du transport routier de marchandises.
- Une évolution défavorable au 4è trimestre
Après cette "parenthèse olympique", l’activité économique a ralenti. Selon les estimations de l’Insee, le PIB s’est replié de 0,1% au 4è trimestre, ce qui a bien évidemment eu des conséquences sur le transport routier de marchandises. Les statistiques du ministère des Transports sur le niveau d’activité au cours de cette période n’ont pas encore été publiées, mais d’autres indicateurs illustrent les difficultés du secteur.
Source : Enquête mensuelle de conjoncture de l’Insee.
De août à novembre 2024, le climat des affaires dans le transport routier de marchandises s’est inexorablement dégradé. Il est ensuite reparti à la hausse, mais reste bien en-deçà de sa moyenne de longue période. La barre des 100 n’a pas été franchie depuis novembre 2022.
Source : Enquête mensuelle de conjoncture de l’Insee. Les résultats sont présentés sous la forme de soldes d’opinion pour les questions à trois modalités "en hausse", "stable" et "en baisse". Un solde d’opinion est la différence entre le pourcentage de réponses "en hausse" et le pourcentage de réponses "en baisse".
Les soldes d’opinion sur l’évolution attendue du chiffre d’affaires et de la demande dans le transport routier de marchandises se sont améliorés en décembre 2024 et janvier 2025. Mais là encore, ils restent très nettement en-dessous de leur moyenne. Les transporteurs interrogés identifient très clairement le manque de demande comme le principal facteur limitant l’activité.
D’autre part, la dernière enquête de conjoncture de l’Insee révèle une évolution très négative des soldes d’opinion sur l’évolution de la trésorerie, mesurée trimestriellement. Il faut remonter à avril 2020, c’est-à-dire en pleine période de Covid et de confinement, pour retrouver une situation aussi dégradée. Un pessimisme qui s’explique par la difficulté qu’éprouvent les transporteurs à répercuter les hausses de leurs coûts.
2/ Évolution des coûts et des prix
L’embellie du 3è trimestre a bien eu un effet haussier sur les prix de transport, notamment sur le marché spot. Mais en fin de trimestre, la chute a été brutale. Une légère remontée a été ensuite constatée à l’approche des fêtes de fin d’année, mais le soufflé est retombé assez vite, avec des prix qui ont replongé sur le marché spot. Sur le marché contractuel, on note une augmentation continue après le point bas de septembre. La renégociation des contrats annuels a pu permettre de faire passer des augmentations de tarifs. Mais celles-ci ne couvrent souvent pas la totalité de la hausse des coûts.
Source : Upply Freight Index
Selon l’enquête de conjoncture du ministère des Transports, le prix de revient du transport longue distance (pour un ensemble articulé jusqu’à 44 tonnes) a diminué de 1,4% au 3è trimestre après -0,8% au deuxième trimestre."Cette baisse est exclusivement due à la diminution de l’indice du gazole professionnel (- 5,3 %)", souligne l’enquête du ministère. Les autres composantes de l’indice sont soit quasi stables soit en augmentation (jusqu’à + 0,9 % pour la maintenance).
La difficulté à répercuter ces hausses de coûts dans les prix de transport se reflète dans la trajectoire des défaillances d’entreprises de transport routier. Selon les données d’Altarès, elles ont augmenté de 35,4% au 4è trimestre 2024, après une hausse de 39,1% au 3è trimestre et de 37,2% au premier semestre. Pour l’ensemble de l’année de 2024, les défaillances d’entreprises de transport routier ont bondi de près de 30%.
Source des données : Altarès - ©Upply
En ce début d’année 2025, les indicateurs du climat des affaires dans le transport routier de marchandises montrent une légère amélioration par rapport au point bas atteint durant le 4è trimestre 2024. Mais le pessimisme reste de mise, avec des projections dégradées en termes de chiffre d’affaires, de trésorerie et d’investissements.