Les grandes compagnies maritimes renoncent provisoirement au passage par le canal de Suez en raison des attaques armées dans le golfe d’Aden. Une situation qui entraîne une hausse des coûts, des prix et des délais.
Les faits
Les Houthis, rebelles yéménites appuyés par l’Iran, ont mené depuis le mois de novembre de multiples attaques de drones et de missiles, ciblant en particulier des navires marchands, y compris des porte-conteneurs. En réponse à ces attaques, les principales compagnies maritimes mondiales ont décidé de modifier les itinéraires des lignes régulières concernées, en contournant l’Afrique via le Cap de Bonne-Espérance pour éviter le passage par la Mer Rouge et le Canal de Suez. Maersk a été la première à faire cette annonce le 15 décembre, rapidement suivie par Hapag Lloyd puis MSC, CMA CGM, OOCL, HMM et Evergreen.
Compte tenu du fonctionnement des services au sein des alliances maritimes, on peut raisonnablement en déduire que les autres compagnies membres sont alignées sur ces décisions, chaque navire des uns transportant les conteneurs des autres au sein d’une même alliance.
Les conséquences
"Cette nouvelle donne produit un allongement des délais et un effet inflationniste sur coûts d’exploitation et sur les taux de fret", estime Jérôme de Ricqlès, expert maritime chez Upply.
- Les délais d’acheminement
Le temps moyen d’acheminement entre la Chine et l’Europe de l’Ouest sur une base porte-à-porte est d’environ 90 jours par le Cap de Bonne-Espérance, soit environ 30% de plus que par le Canal de Suez.
- Les taux de fret
Les taux de fret entre l’Asie et l’Europe de l’Ouest étaient tombés à environ 1500 $/40’ début décembre. "L’allongement des routes maritimes va induire une consommation accrue de carburant qui devrait être répercutée sur les taux de fret, et les faire remonter aux alentours de 2500-3000 $/40’", estime Jérôme de Ricqlès.
- Des alternatives à étudier
La remontée des prix du transport maritime et l’allongement des délais peut redonner de la pertinence à des modes alternatifs, qu’il s’agisse du fret ferroviaire Asie-Europe ou du transport combiné Sea-Air, via des hubs comme celui de Dubai. "Le différentiel de prix par rapport à une option 'tout maritime' reste significatif, mais pour des marchandises très sensibles au délai d’acheminement, ces solutions mériteront d’être considérées si la situation se prolonge", conclut Jérôme de Ricqlès.
