BAROMÈTRE. Malgré une situation économique compliquée, les prix du transport semblent irrémédiablement attirés vers les sommets en septembre 2023. La flambée des cours de l’énergie tire l’inflation, au moment où la profession est confrontée à la planification écologique du gouvernement.
En ce début d’automne, la France se retrouve sous le feu des projecteurs internationaux pour le meilleur... et pour le pire ! D’un côté, la Coupe du Monde de rugby, qui a débuté le vendredi 8 septembre par la victoire des Français devant les Néo-Zélandais, suscite un vrai engouement susceptible de soutenir l’économie. Mais dans le même temps, les punaises de lit ont envahi le débat public et les médias français mais aussi internationaux, alors que la clientèle étrangère a contribué aux bonnes performances du tourisme durant l’été[1]...
Au-delà de ces actualités qui font osciller somme toute assez marginalement l’économie du pays, ce sont des sujets bien plus structurants qui retiennent aujourd’hui l’attention du monde du transport routier. Le 25 septembre dernier, le président Emmanuel Macron a détaillé la stratégie qui doit permettre à la France "de réduire de 55% ses émissions de gaz à effet de serre en 2030, de protéger la biodiversité et d’agir pour l’économie circulaire", à l’occasion d’un Conseil de planification écologique. Le plan préparé par le gouvernement a été jugé complet et ambitieux par de nombreux experts tout en suscitant des réserves sur son réalisme face aux craintes de nouvelles tensions sociales.
En matière de perspectives économiques, la France ne s’en sort pas trop mal par rapport à certains voisins européens. Mais après une activité plus dynamique que prévu au printemps (+0,5%), l’Insee annonce un ralentissement[2], qui devrait se traduire par un rythme de croissance de l’ordre de +0,1% à +0,2% par trimestre au deuxième semestre. En septembre, le climat des affaires est resté stable, au niveau de sa moyenne de longue période pour le cinquième mois consécutif[3]. Il a progressé dans l'industrie pour atteindre 99 (+2 points) grâce à une amélioration des opinions des chefs d'entreprise quant à leurs "perspectives personnelles de production". En revanche, l’indicateur décline dans le commerce de détail (103, en baisse de 2 points), en raison de "perspectives générales du secteur jugées moins favorables".
Les prix du transport routier au plus près des sommets
Malgré cette morosité, les prix du transport routier en France ont fortement augmenté en septembre, avec une croissance de +2,9% d’augmentation par rapport au mois précédent. C’est la hausse la plus vigoureuse enregistrée en glissement mensuel depuis 3 ans, si l’on excepte avril 2022, période marquée par une augmentation du gazole supérieure à 15% d’un mois à l’autre suite au déclenchement du conflit russo-ukrainien.
Source : Upply Freight Index – Route France
Cette fois encore, l’évolution du prix du carburant semble être un facteur décisif. En août, le gazole professionnel avait augmenté très fortement (9%), or la répercussion intervient en général le mois suivant. Depuis presqu’un an, d’autres facteurs avaient nourri l’inflation des coûts du transport, diminuant la corrélation entre l’évolution des prix de transport et celle du gazole. Il semble que l’on revienne donc à une certaine orthodoxie en septembre 2023.
Toutefois, le niveau de la demande pourrait temporiser la hausse des prix du transport routier, compte tenu des perspectives économiques moins favorables pour le dernier trimestre. Les professionnels du transport de marchandises ont d’ailleurs d’ores et déjà constaté ce ralentissement. Tous ceux avec qui nous discutons sont unanimes : les volumes transportés sont en baisse depuis plusieurs mois et en septembre, ce déclin a été encore plus marqué (...)
[1] Saison touristique d’été 2023, Insee, septembre 2023.
[2] Point de conjoncture du 7 septembre 2023, Insee, septembre 2023.
[3] Climat des affaires en France, Insee, septembre 2023.