L’industrie mondiale du fret aérien a poursuivi sa croissance en novembre 2024, mais aussi en décembre selon les premières estimations. Les taux de fret sont en hausse sur les principaux axes.
1/ L’évolution de l’offre et de la demande
- Trafic de novembre 2024
Le trafic mondial de fret aérien a connu son 16è mois consécutif de croissance en novembre 2024. La demande exprimée en tonnes-kilomètres a augmenté de 8,2% en glissement annuel, selon les chiffres de l’Association du transport aérien international (IATA). En revanche, elle décline de 0,5% en glissement mensuel en données corrigées des variations saisonnières, le trafic s’établissant ainsi à environ 24 milliards de tonnes-kilomètres (tkm), selon nos estimations.
* FTK : tonnes-kilomètres de fret – Source des données : IATA
Sur les liaisons internationales, le trafic a augmenté de 9,5%. Avec une hausse de 13%, la route Asie-Amérique du Nord détient la palme de la croissance en novembre et s’octroie un 13è mois consécutif de progression, dopée par une forte demande à l’approche des fêtes, en particulier dans le secteur du e-commerce. Indépendamment du traditionnel pic de fin d’année, deux facteurs ont probablement influé à la hausse sur la demande : d’une part la perspective d’un éventuel mouvement de grève dans les ports de la côte Est et du golfe du Mexique aux États-Unis à compter de janvier. Finalement, un accord a été signé le 8 janvier entre les dockers et les entreprises de manutention, mais en novembre, la menace d’un blocage était bien là, ce qui a pu conduire à l’anticipation des commandes. La perspective d’un alourdissement des droits de douane avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump a également alimenté ce mouvement.
La progression sur l’axe Asie-Amérique du Nord a profité aux compagnies des deux continents : les compagnies américaines affichent le plus fort taux de croissance en novembre, devant celles d’Asie-Pacifique. Ces dernières ont également profité de l’augmentation du trafic d’une part sur l’axe Asie-Europe (+12,9%) et d’autre part sur les liaisons intra-Asie (+12,2%). L’axe Asie-Europe affiche ainsi 21 mois consécutifs de croissance, dont 12 mois de hausse à deux chiffres. Cela peut s’expliquer en partie par les perturbations du transport maritime en mer Rouge qui ont contribué à un report vers l’aérien sur cet axe. La route Europe-Amérique du Nord, 3è marché le plus important pour l’industrie du fret aérien, affiche une croissance plus modeste de 5,6%.
- Cumul annuel à fin novembre 2024
En cumul annuel à fin novembre, la croissance de la demande de fret aérien s’établit à 11,8% par rapport à la même période de 2023 et à +12,7% sur les lignes internationales.
* FTK : tonnes-kilomètres de fret – Source des données : IATA
- Capacités
L’offre a progressé de 4,6% en novembre 2024 en glissement annuel mais s’est contractée de 0,6% en glissement mensuel après correction des variations saisonnières, et ce pour le troisième mois consécutif. Selon nos estimations, elle s’élève ainsi à environ 51,8 milliards de tonnes-kilomètres. Les compagnies aériennes font preuve d’une grande maîtrise dans le déploiement de l’offre. La croissance vient des capacités disponibles en soute des avions passagers, en hausse de 6,9% en glissement annuel en novembre. Elles représentent 51,6% de l’offre totale. Mais l’on constate un 8è mois de croissance des capacités offertes à bord des avions tout cargo (+6,1% en novembre).
Le coefficient de remplissage s’établit à 54,6 % à l’international, en progression de 1,5 point de pourcentage en glissement annuel. En cumul annuel à fin novembre, il progresse de 0,4 point à 51,3%.
2/ L’évolution des prix
À la fin de l’année 2024, les planètes étaient décidément alignées pour faire le bonheur des compagnies aériennes. La hausse des volumes, associée à la maîtrise des capacités, a permis une nouvelle augmentation de la recette unitaire moyenne. Selon l’IATA, celle-ci était en progression de 5,8% en glissement mensuel et de 7,8% en glissement annuel au mois de novembre, se situant 52% au-dessus du niveau de 2019.
Les augmentations sont toujours inégalement réparties, et clairement dopées par les grands flux Est-Ouest. La base de données Upply montre ainsi un bond de 37,3% sur l’axe Asie-Europe en glissement annuel.
Source : Upply Freight Index
En plus d’une croissance des volumes supérieure à celle de l’offre, les compagnies ont profité d’un prix du carburant favorable pour la maîtrise de leurs coûts. "En novembre, les prix moyens mensuels du kérosène ont chuté de 22 % en glissement annuel, pour la cinquième fois consécutive, poursuivant ainsi une tendance amorcée en février 2024", souligne l’IATA. L’augmentation des prix n’en est que plus spectaculaire, puisque ces derniers incluent les surcharges carburant.
3/ Les perspectives
Selon les premières estimations, la croissance du fret aérien s’est poursuivie en décembre, avec un trafic en hausse et des taux de fret également en augmentation sur les grands axes. Après avoir connu deux années de baisse, à l’issue de la forte reprise post-Covid de 2021, l’industrie du fret aérien renoue donc en 2024 avec une croissance des volumes que l’IATA évalue à +11,8%. Parallèlement, le chiffre d’affaires cargo des compagnies aériennes a également retrouvé avec une trajectoire ascendante. Selon l’IATA, il devrait avoir atteint 149 milliards de dollars en 2024, soit une croissance de 7,2% par rapport à l’année précédente. La recette unitaire moyenne subit ainsi une baisse de 3,7% en glissement annuel, tout en restant nettement supérieure au niveau pré-Covid.
En 2025, l’industrie du fret aérien devrait continuer à croître. L’IATA évalue l’augmentation du trafic à 6%, tandis que le chiffre d’affaires devrait progresser de 5,4% pour atteindre 157 milliards de dollars. La recette unitaire subirait ainsi une érosion de 0,7%, les taux de fret se maintenant donc toujours à des niveaux élevés par rapport à la période pré-pandémique. "S'il est très probable que les bons résultats [de 2024] se prolongent jusqu'en 2025, certains risques de détérioration doivent être surveillés de près. Il s'agit notamment de l'inflation, des incertitudes géopolitiques et des tensions commerciales", a cependant averti Willie Walsh, directeur général de l'IATA.