DOSSIER. Le transport routier de marchandises est essentiel pour irriguer le tissu économique breton et pallier le handicap de la périphéricité. Les flux internes dominent, mais les échanges inter-régionaux sont également en progression.
Le transport routier de marchandises (TRM) en Bretagne, hors transit, trafic international et pavillon étranger, se distingue par un dynamisme certain. Entre 2014 et 2018, il a globalement progressé de 12,6% pour atteindre 16,7 milliards de tonnes-kilomètres, révèle le bilan économique régional 2019 de l’Insee.
Le secteur a connu une belle reprise après le trou d’air de 2015, en particulier sur le segment des flux internes (+41,2% en 5 ans). Ceux-ci ont enregistré une augmentation continue et devancent désormais les flux entrants, qui affichent pourtant également une jolie hausse de 7,5%. À l’inverse, les flux sortants affichent un repli de 1,2% sur 5 ans.
*en millions de tonnes-kilomètres transportées (hors transit, trafic international et pavillon étranger) - Source : SDES, Enquête Transport routier de marchandises
Un trafic d’environ 157 Mt par an
Au total, les flux routiers représentent pour la Bretagne un trafic annuel d’environ 157 millions de tonnes, dont 115 Mt de tonnes pour les échanges intra-régionaux et 42 Mt pour l’inter-régional. "Le vrac constitue le mode de conditionnement des marchandises dominant pour le transport routier interne à la région (70 %). Pour les échanges avec les autres régions, la situation est contrastée", détaille l’Observatoire régional des transports. Le vrac et les palettes représentent en effet 46% et 38% des flux de marchandises entrants, alors que cette proportion est quasiment inversée pour les flux sortants (46% de vrac et 39% de palettes).
Sur le segment intra-régional, la Bretagne présente la particularité de voir progresser la part des marchandises transportées pour compte propre, tandis que le transport pour compte d’autrui décline. Le compte propre représente ainsi environ 63% des flux intra-régionaux. Un phénomène très lié à la nature des flux. "En Bretagne, en moyenne annuelle, 37% des flux routiers intra-régionaux de marchandises concernent des produits agricoles ou alimentaires. Les minerais et les matériaux de construction représentent quant à eux chacun 22% des échanges intrarégionaux", précise l’Observatoire régional des Transports. Globalement, l’Ille-et-Vilaine génère le trafic intra-régional le plus important avec 43 Mt, devant le Finistère (27 Mt), les Côtes d’Armor (25 Mt) et le Morbihan (20 Mt).
Au niveau des flux inter-régionaux, le transport pour compte d’autrui est en revanche logiquement prépondérant avec 34 Mt, contre 8 Mt pour le compte propre. Les flux entrants s’élèvent à 23 Mt (dont 16,7% en compte popre) et les flux sortants à 18 Mt (28,4% en compte propre). L’Ille-et-Vilaine arrive là aussi nettement en tête des échanges avec un total de 25 Mt (flux entrants et sortants), contre 6,4 Mt pour le Morbihan, 5,3 Mt pour les Côtes d’Armor et 4,4 Mt pour le Finistère.
Source : Observatoire régional des transports de Bretagne
L’analyse géographique des échanges montre à quel point le lien économique est fort avec les Pays de la Loire qui représentent 46,5% des flux, devant la Normandie (18,3%). "En 2018, la majorité des échanges de marchandises par route, en provenance ou vers les autres régions, concerne les produits agricoles et alimentaires (38,9% des réceptions pour 46,6% des expéditions) et les produits manufacturés (29,4% pour 26,7%). En revanche, les minerais et les matériaux de construction, qui constituent une part substantielle de flux intra-régionaux, représentent une part moindre des échanges routiers interrégionaux", précise l’Observatoire régional des transports.
Un nombre d’entreprises stable
L’activité des transporteurs est soutenue par une économie bretonne plutôt solide ces dernières années. Selon l’Insee, la région pourrait même subir moins durement que d’autres l’impact de la pandémie de Covid-19, en particulier grâce à la forte présence de l’industrie agro-alimentaire. Un bon point pour l’activité des transporteurs. L’enquête de conjoncture menée par la Fédération nationale des transporteurs routiers sur le deuxième trimestre 2020 montre d’ailleurs que lors de la première vague de confinement, la perte de chiffre d’affaires et le pourcentage de camions à l’arrêt en Bretagne étaient assez nettement inférieurs à la moyenne nationale. Anthony Rouxel, délégué régional de la FNTR Bretagne, alerte néanmoins contre tout excès d’optimisme : "Durant cette période, le déséquilibre des flux s’est accentué, ce qui a pesé sur la rentabilité des entreprises". D’autre part, certains secteurs importants pour l’économie régionale sont eux en souffrance, "notamment l’automobile dans le bassin rennais", indique Philippe Munier, délégué régional IDF, Centre et Ouest de l’Union TLF.
Une région soudée
Au 31 décembre 2019, 2168 entreprises étaient inscrites au registre marchandises, contre 2093 cinq ans plut tôt. "Parmi les établissements comptant des salariés, environ 40% sont implantées en Ille-et-Vilaine, 25% dans le Finistère, 22% dans le Morbihan et 18% dans les Côtes d’Armor", précise Anthony Rouxel. La région abrite de grands groupes comme "de très belles PME du transport, au capital encore majoritairement familial", ajoute le délégué régional de la FNTR. On peut citer parmi d’autres le groupe Lahaye, STG, la société Rouxel, les transports Le Guével, Le Roy logistique, Groussard ou encore JLG Services.
Selon le rapport régional 2019 de l’OPTL (Observatoire prospectif des métiers et des qualifications dans le transport et la logistique), les entreprises de 1 à 9 salariés représentent 58% des établissements employant des salariés, mais ils n’emploient que 9% des personnels transport et logistique. À l’autre extrême, 11% des établissements comptent 50 salariés et plus, mais ils représentent 58% des salariés de la branche.
Recrutement, transition énergétique, logistique urbaine : le TRM breton est confronté aux mêmes enjeux que toute la profession à l’échelle nationale. Mais lorsqu’il s’agit de faire avancer les dossiers à l’échelon régionale, Anthony Rouxel, le représentant de la FNTR, se félicite de pouvoir compter sur le sens du collectif. "On l’a vu au moment de l’écotaxe, ce sont bien des représentants de l’ensemble du tissu économique breton et pas seulement les transporteurs qui sont montés au créneau. Cette capacité à agir ensemble nous aide beaucoup".