Analyse Transport & Logistique

Nouvelle-Aquitaine : un marché du TRM plutôt stable

29 septembre 2020

DOSSIER. Le transport routier de marchandises dans la région Nouvelle-Aquitaine se révèle quasiment stable entre 2014 et 2018. Comme partout en France, la demande est principalement portée par les flux intra-régionaux.

Le transport routier de marchandises (TRM) en Nouvelle-Aquitaine a connu une évolution faible au cours de ces dernières années, comme l’indique le bilan économique régional 2018 de l’Insee. "En 2018, les marchandises transportées par la route représentent 10 595 millions de tonnes-kilomètres à l’intérieur de la région. Entre 2014 et 2018, elles augmentent en moyenne chaque année de 1,9%, alors que les volumes de marchandises entrants et sortants de la région diminuent", précise l’Insee. En cumulé, le trafic global baisse ainsi de 0,1% pour se situer aux alentours des 25 milliards de tonnes-kilomètres.

Des entreprises agiles

À l’instar de la quasi-totalité des régions françaises, la Nouvelle-Aquitaine a connu un rebond à partir de 2017 après trois années de creux. Le mouvement s’est calmé en 2019, et personne ne peut évidemment prédire comment se terminera l’année 2020 marquée par l’épidémie de Covid. Selon l’enquête de conjoncture de la FNTR portant sur le deuxième trimestre 2020, la région semble avoir été plus épargnée que d’autres, avec une perte de chiffre d’affaires et un pourcentage de camions à l’arrêt plutôt inférieurs à la moyenne nationale pendant la crise sanitaire. "On a beaucoup d’entreprises multi-activités, ce qui a permis d’en sauver beaucoup de l’inactivité totale. Les transporteurs ont l’habitude de gérer l’aléa, de garder leur sang-froid et de s’adapter en permanence. Pendant cette crise, ils ont fait preuve d’une agilité fantastique", indique Olivier Hiceb, délégué régional de la FNTR Aquitaine.

Les professionnels restent toutefois prudents. "Nous ne sommes pas une région majeure de l’industrie comme PACA ou Auvergne Rhône-Alpes. On souffre donc plutôt moins que les autres pendant les périodes de crise, mais l’on redémarre aussi moins vite", souligne Franck Puharré, délégué régional de TLF Sud-Ouest. "La situation reste extrêmement fragile", confirme Olivier Hiceb. La Banque de France, dans son enquête mensuelle de conjoncture de juillet 2020, constate pour sa part une "difficile reprise chez certains clients, notamment dans l’aéronautique", ce qui "tempère le volume de la demande globale tirée par les secteurs du BTP et de l’agroalimentaire". Par ailleurs, la grande distribution apparaît dynamique, "plus particulièrement dans les zones touristiques".

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*en millions de tonnes-kilomètres transportées - Source des données : SDES, Enquête Transport routier de marchandises

Un trafic intra-régional dominant

Les chiffres de trafic exprimés en tonnes permettent de nuancer les tendances. Le dernier recueil statistique réalisé par l’Observatoire régional des transports (ORT) de Nouvelle-Aquitaine, sur la base des données 2018, indique que l’activité de transport intra-régional est passée de 183,7 millions de tonnes (Mt) à 162,2 Mt entre 2015 et 2018, malgré un rebond de 5% entre 2017 et 2018. Le compte propre représente encore 52% des tonnages en 2018 mais perd du terrain. Ce segment "a bien diminué ces dernières années au bénéfice du compte d’autrui, qui progresse de 7,5 % entre 2017 et 2018", note l’ORT. La distance moyenne pour le transport de marchandises en Nouvelle-Aquitaine est de 65 km en 2018, en léger recul par rapport à 2017 (67 km), précise encore l’Observatoire.

Parallèlement, les flux routiers entre la Nouvelle-Aquitaine et les autres régions françaises ont augmenté de 7% entre 2017 et 2018 pour atteindre 54,1 Mt, mais la hausse n’est que de 0,3% par rapport à 2015. Les flux entrants s’élèvent à 26 Mt et les flux sortants à 28,1 Mt. Les régions Occitanie et les Pays-de-la-Loire représentent à elles deux la moitié des échanges, suivies des régions Centre Val-de-Loire, Auvergne Rhône-Alpes, Ile-de-France et Bretagne.

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Source : MTES/CGDD/Base de données Sitram

L’analyse par typologie de produits montre une prédominance de l’agriculture et de la pêche, aussi bien en intra qu’en inter-régional. On trouve également dans le Top 10 les produits alimentaires et boissons, le textile et le cuir, le bois et le papier ou encore les produits chimiques. À cette liste s’ajoutent les minerais et les produits pétroliers.

--> Pour en savoir plus le profil économique et logistique de la région, lire le premier volet de ce dossier : Nouvelle-Aquitaine, une chaîne de valeur logistique à renforcer

Près de 2 000 établissements de transport routier

Selon le rapport régional 2019 de l’OPTL (Observatoire prospectif des métiers et des qualifications dans le transport et la logistique), le secteur du transport routier de marchandises en Nouvelle-Aquitaine comptait au 31 décembre 2018 près de 2000 établissements de transport routier employant des salariés. Les entreprises de moins de 10 salariés représentent 60% de cet ensemble, contre 34% d’établissements entre 10 et 49 salariés et 6% plus de 50 salariés. La Nouvelle-Aquitaine compte dans ses rangs des champions régionaux du TRM comme le groupe GT Solutions, le groupe Doumen, les Transports Hautier, les Transports Jammet, les Transports Veynat, les Transports Rapiteau ou les Transports Guyamier, qui ont racheté fin 2019 les Transports Lacassagne. Bien entendu, tous les grands groupes nationaux ont aussi des implantations dans la région.

Les acteurs régionaux rencontrent des problématiques assez similaires à leurs confrères des autres régions, à commencer par le recrutement et la transition énergétique. Sur ce dernier point, la Région est engagée aux côtés des transporteurs. "Elle finance par exemple en partie l’acquisition de véhicules fonctionnant au biogaz et soutient également l’installation de stations-services distribuant des biocarburants", précise Cindy Viard, déléguée régionale de l’ORT Nouvelle-Aquitaine.

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Diplômée de l'École Supérieure de Journalisme de Lille, Anne a exercé l’essentiel de sa carrière dans la presse spécialisée Commerce international & Logistique, avant de rejoindre Upply.
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