BAROMÈTRE. La réduction des droits de douane entre les États-Unis et la Chine a provisoirement relancé les commandes sur l’axe Asie-US, et donc l’activité de transport maritime conteneurisé. Mais le manque de visibilité reste perturbant pour le secteur.
1/ Les faits marquants
- Apaisement provisoire dans la guerre commerciale Chine/États-Unis
Les États-Unis et la Chine ont annoncé le 12 mai la conclusion d’un accord permettant une pause de 90 jours dans leur guerre commerciale. En réponse aux droits de douane prohibitifs de 145% imposés par les États-Unis sur les importations chinoises, la Chine avait riposté en appliquant des droits de douane additionnels de 125% sur les produits américains. Depuis le 14 mai, ces montants sont respectivement retombés à 30% et 10%. L’Union européenne bénéficie également d’une pause jusqu’au 9 juillet 2025, durant laquelle le montant des droits de douane additionnel se limite à 10% (certains produits étant exemptés, notamment ceux qui font l’objet d’un droit additionnel sectoriel).
Avant cet accord, l’attentisme prévalait : les droits de douane additionnels atteignaient de telles proportions que le commerce était quasiment paralysé. Depuis l’accord du 12 mai, on assiste à l’inverse à un rush des commandes qu’il va falloir charger au plus vite compte tenu du contexte incertain au-delà des 90 jours de pause. Les compagnies maritimes ont réinjecté des capacités et augmenté les tarifs sur le transpacifique.
- Le retour des congestions portuaires
En Europe, les phénomènes de congestion portuaire ne s’expliquent pas par une surchauffe de l’activité mais plutôt par une baisse des cadences de travail liée à des grèves plus ou moins perlées. Par ailleurs, le lancement des nouvelles alliances maritimes depuis le mois de février induit une période d’adaptation. Il n’est pas toujours simple de reconfigurer le travail portuaire sur les quais et quelques conflits sont apparus avec les autorités portuaires et les exploitants de terminaux autour des fenêtres d’opération des navires.
Aux États-Unis, la Chine représente environ 35% des volumes importés dans les ports de Los Angeles et Long Beach. Suite à la pause de 90 jours sur les droits de douane, un véritable tsunami de conteneurs est attendu à partir de mi-juin. Un délestage ponctuel vers la Côte Est via le canal de Panama, comme ce fut le cas durant le boom postpandémique, n’est pas à exclure.
- L’anticipation de la taxe sur les navires construits en Chine
L’US Trade Representative (USTR) a présenté en avril les contours de la future taxe sur les navires construits en Chine ou opérés par les entreprises chinoises, qui doit entrer en vigueur le 14 octobre. Le texte initial a été assez sensiblement édulcoré, après un accueil très défavorable de la part des compagnies maritimes, ce qui est était évidemment attendu, mais aussi de l’ensemble des protagonistes du commerce international, à commencer par les chargeurs américains. L’opposition s’est exprimée discrètement, mais semble-t-il assez efficacement. La surcharge par conteneur devrait tourner autour de 200 USD, au lieu des 1000 USD que laissait entrevoir le projet initial.
2/ Les prix
Sur l’axe Asie-Europe, on note de gros efforts de la part de l’ensemble des Alliances pour maintenir une certaine discipline, avec des recours massifs aux annulations de départs de navires qui ont pour effet de maintenir les taux de fret moyens légèrement au-dessus des coûts de revient (...)
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