INFOGRAPHIES. Les immatriculations de véhicules utilitaires moyens et lourds de +3,5 T ont bondi de 15,7% dans l’Union européenne en 2023. La Pologne et la Lituanie font figure d’exceptions, avec une croissance inférieure à 10%.
1/ Marché européen
- Les véhicules de +3,5 t
Le mouvement de croissance des immatriculations de véhicules de +3,5 tonnes constatée en 2022 s’est amplifié en 2023, avec une progression de 16,3% dans l’Union européenne l’an dernier, contre 3,5% l’année précédente. Le marché est ainsi très nettement repassé au-dessus de la barre des 300 000 immatriculations, pour la première fois depuis 2019, et se situe même 5,1% au-dessus de cette dernière année de référence pré-pandémique.
Ce rebond à contre-courant peut surprendre, dans la mesure où l’économie est entrée en 2023 dans une phase de ralentissement. Il s’explique en partie par un effet de décalage des livraisons. En effet, en 2021-2022, les perturbations des chaînes logistiques engendrées par la pandémie de Covid-19 ont entraîné des pénuries de matières premières et de semi-conducteurs qui ont perturbé la production de véhicules. Les délais de livraison ont ainsi été considérablement allongés et la situation ne s’est normalisée qu’en 2023.
Source des données : ACEA
Les deux premiers marchés, à savoir l’Allemagne et la France, ont profité du rebond général, contrairement au premier pavillon européen en volume de trafic, la Pologne, qui affiche le plus faible taux de croissance du Top 15 européen. L’évolution sur cinq ans raconte néanmoins une autre histoire avec une progression de 25,3% pour la Pologne, alors que l’Allemagne et la France restent en-deçà du niveau atteint en 2019. On observe une tendance similaire en Lituanie, aujourd’hui 9è pavillon routier européen. La croissance des immatriculations de poids lourds est inférieure à la moyenne européenne en 2023, mais le pays franchit le seuil des 10 000 immatriculations et détient la palme de la croissance par rapport à 2019.
L’Espagne et l’Italie, qui complète le Top 5 des pavillons routiers européens aux côtés de l’Allemagne, la France et la Pologne, affichent pour leur part une progression significative des immatriculations, tant en glissement annuel que par rapport au niveau pré-pandémique.
Source des données : ACEA
En 2022, le diesel a continué à dominer largement le marché, en totalisant 95,7% des nouvelles immatriculations de camions. Une croissance solide de 15,8 % a été enregistrée dans les ventes de camions diesel dans l'UE, stimulée par des marchés clés, en particulier l'Allemagne (+23,5%), l'Espagne (+21,8%) et l'Italie (+12,3%). Dans le même temps, les nouvelles immatriculations de camions électriques ont atteint 5 361 unités, soit une hausse de 234,1%. "Les Pays-Bas (+889,7%) et l'Allemagne (+169,8 %) ont été les principaux moteurs de cette croissance remarquable, contribuant conjointement à plus de 60 % des ventes de camions électriques dans l'UE", précise l’’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA). Les camions électriques représentent ainsi 1,5% du marché, contre 0,8% de l'année précédente.
- Les véhicules de +16 t
Les véhicules de +16 tonnes représentent 77% des immatriculations de camions en 2023. Avec un total de 266 879 unités, le marché affiche une croissance de 14,7%.
Au sein du Top 5, la Pologne se distingue avec une baisse du nombre d’immatriculations, quand tous les autres pays progressent. Néanmoins, par rapport à 2019, la Pologne affiche une nette hausse, alors que les deux premiers marchés, l’Allemagne et la France, sont en recul.
(*) Données non disponibles - Source des données : ACEA.
2/ Focus sur les PECO
Les données de l’année 2023 montrent une situation contrastée pour les pays d’Europe centrale et orientale (PECO), avec une progression inférieure à la moyenne de la Pologne et de la Lituanie. Néanmoins, si l’on compare à la dernière année pré-pandémique, on constate une très forte progression de la Lituanie, qui a fait du transport routier un axe de développement stratégique de son économique. La Pologne, la Roumanie et la Hongrie dépassent également les 20% de croissance. L’augmentation des immatriculations de véhicules neufs est en revanche moins dynamique en République tchèque, bien que ce pays occupe le 7è rang européen des pavillons européens en termes de trafic et le 2è rang parmi les PECO.
Source des données : ACEA
3/ Focus sur le marché français
Les immatriculations de véhicules industriels sur le marché français ont été marquées par un net rebond en 2023, même si la France reste en-deçà des taux de croissance constatés dans les principaux pays d’Europe de l’Ouest. Avec un total de 48 853 immatriculations, le marché des VI neufs de +5T a progressé de 11% par rapport à l’année précédente, selon les données du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA).
Le marché des tracteurs routiers a augmenté de 11,8%, après avoir déjà connu une augmentation similaire en 2022. Il s’élève ainsi à 28425 immatriculations. Le marché des porteurs, qui avait chuté de 11,4% en 2022, repart quant à lui à la hausse sans renouer avec le niveau de 2021. Il totalise 20 428 immatriculations en 2023, soit une croissance de 7,7%.
Parallèlement, le marché des véhicules industriels d’occasion s’est replié de 0,5%, avec un total de 54 155 immatriculations.
Source des données : CCFA
Source des données : CCFA
Selon l’étude de marché annuelle publiée par l’Observatoire du véhicule industriel de BNP Paribas (OVI), ce dynamisme du marché des véhicules neufs en 2023 s’explique en partie par un effet de rattrapage. "Après la crise sanitaire, les pénuries de composants électroniques avaient limité les livraisons de matériels. Les commandes peinaient à être honorées, ce qui ne semble plus être le cas". Effectivement, selon les données recueillies par l’OVI, les délais de livraison ont été considérablement réduits, passant d’un pic de 359 jours en juin 2022 à 150 jours en décembre 2023. L’amélioration des délais ne s’explique toutefois pas seulement par la fin des pénuries de composants. Elle résulte également d’une baisse des commandes. Sur l’année, les huit premiers mois ont été particulièrement intenses en termes d’immatriculations avec un cumul mensuel à août supérieur de 21,8 % à celui de 2022. Mais le marché s’est calmé à l’automne.
L’Observatoire du véhicule industriel se montre d’ailleurs assez pessimiste dans ses prévisions pour 2024, annonçant sur le marché des véhicules de +3,5T "un ralentissement voire une contraction des immatriculations pour 2024 qui pourrait atteindre 5%". Les experts de l’OVI tablent par ailleurs sur un recul des commandes de 11,9% sur les tracteurs et de 11,7% sur les porteurs, ce qui devrait avoir "un impact visible sur les immatriculations du second semestre du fait du raccourcissement prononcé des délais de livraison".
Source : OVI
Malgré ce contexte défavorable, les prix des véhicules neufs continuent d’augmenter. Pour les tracteurs, la hausse atteignait 14,4% entre 2021 et 2022, et les distributeurs l’estiment à 9,2% en 2023, ce qui fait plus de 20% d’augmentation en deux ans. Pour les porteurs, la hausse s’élevait à 16,4% en 2022 et se situe à 9,5% en 2023, indique l’OVI. Ces augmentations participent au tarissement des carnets de commandes, aux côtés du renchérissement du crédit et à la morosité du marché.
En toute logique, les investissements des entreprises du transport sont donc quasiment exclusivement consacrés aux remplacements de véhicules. "Seuls 10,2% doivent servir à l’extension du parc. Ce résultat, inchangé depuis juin dernier, est en constante baisse depuis 2021", constate l’OVI.