Le transport routier européen devrait connaître une légère reprise en 2025, après un ralentissement notable depuis 2 ans. La stagnation économique, notamment en Allemagne, limitera toutefois la croissance des investissements. La maîtrise des coûts reste essentielle et le besoin de verdissement augmente. Une situation idéale pour les fusions-acquisitions.
Entre bouleversements politiques, données économiques décevantes et avertissements sur la faiblesse de la croissance, l’Europe a connu une année 2024 difficile : dans ses estimations publiées le 12 décembre, la Banque centrale européenne (BCE) fait état d’une croissance de 0,7% du PIB de la zone euro en 2024 au lieu des 0,8% encore prévus en septembre. Le taux de croissance devrait progresser en 2025 pour atteindre 1,1%. La maîtrise de l’inflation devrait aussi se poursuivre. Selon les services de l’Eurosystème, l’inflation globale devrait s’établir en moyenne à 2,4 % en 2024 et 2,1 % en 2025.
Un contexte économique incertain
Ces perspectives d’amélioration pour 2025 doivent toutefois être relativisées. Tout d’abord, les prévisions de croissance du PIB ont été révisées à la baisse puisqu’en septembre dernier, la BCE évoquait un chiffre de 1,3%. D’autre part, même si une inflation autour de 2% est pour les spécialistes un chiffre optimal sur lequel on peut fonder des politiques de croissance solide, pour le consommateur européen, c’est un signe supplémentaire que jamais les prix ne reviendront à leur niveau pré-Covid.
Ces éléments pèsent la confiance des consommateurs et des entreprises. Ainsi, selon les données d’Eurostat, la confiance des consommateurs a baissé pour le deuxième mois consécutif en décembre 2024 (-1,0 point). "Les consommateurs sont devenus nettement plus pessimistes quant à la situation économique générale dans leur pays respectif et à leurs intentions de faire des achats importants", souligne la Commission européenne. En revanche, l'opinion des consommateurs sur la situation financière prévue et passée de leur ménage est restée largement inchangée. Parallèlement, l’indicateur de confiance économique global des entreprises et des consommateurs est inférieur à sa moyenne à long terme, affichant en décembre 2024 un repli en glissement mensuel de 1,7 point à 94,5 dans l’Union européenne et de 1,9 point à 93,7 dans la zone euro. Ce déclin est en particulier le fruit du repli de l’indice de confiance dans l’industrie, qui chute de 2,2 points en glissement mensuel en décembre dans l’industrie. Le climat des affaires est donc loin d’être au beau fixe en ce début d’année.
Le climat géopolitique n’est guère plus favorable. L’Europe se retrouve coincée entre les États-Unis et la Chine sur le plan extérieur et plombée par la France et l’Allemagne sur le plan intérieur. Les menaces du président élu Donald Trump d’imposer des droits de douane de 10 à 20 % sur toutes les importations créent beaucoup d’incertitude pour les entreprises européennes. Dans un rapport de décembre 2024 intitulé European Road Ahead Special Report: Sizing Up Tariff Risks, la banque Citi estime que l’instauration de droits de douane de 10 % avec la plupart des partenaires commerciaux, dans la première moitié de 2025, pourrait réduire le PIB de l’UE d’environ 0,3 points de pourcentage sur deux ans, "tandis qu’une nouvelle guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine pourrait doubler les dégâts dans les pays exposés comme l’Allemagne".
Sur le plan intérieur, les difficultés économiques des deux poumons historiques de l’Europe que sont la France et l’Allemagne entraînent tout le Vieux Continent dans la stagnation et la paralysie. Certaines grandes économies européennes s’en sortent mieux, en particulier l’Espagne et la Pologne qui devraient avoir enregistré des taux de croissance supérieurs à 3% en 2024 et devraient dépasser les 2% en 2025. Mais il n’est pas certain que cela suffise à compenser les difficultés les deux grands poids lourds européens, d’autant que la crise économique se double d’une crise politique, en France comme en Allemagne.
Vers une légère reprise de l’activité de transport routier
Le dernier livre blanc de Transport Intelligence prévoit pour le secteur européen du fret routier une croissance de 0,9 % à 428,2 milliards d'euros en 2024. La faible demande de transport en Europe se reflète dans le kilométrage des camions allemands : il a chuté de 3 % en 2023 et s'est contracté de 0,7 % jusqu'en octobre 2024. En tant que première économie et pays de transit clé en Europe, l'Allemagne fournit généralement un bon indicateur de l'activité du transport routier européen.
La poursuite de l’amélioration de la situation économique européenne en 2025, bien que plus lente que prévue, permet d’entrevoir une progression de l’activité dans le transport routier de marchandises dans le courant de l’année. Transport Intelligence annonce une hausse globale de 2 % en 2025, portant le marché 436,9 milliards d’euros. Le marché du fret international devrait croître de 2,4 % à 133,4 milliards d’euros, suggérant une confiance croissante dans la reprise du commerce transfrontalier. Le marché intra-européen progresserait quant à lui de 1,9%, à 303,5 milliards d’euros.
Au cours des dernières années, le secteur du transport routier a été confronté à un défi important : la décorrélation entre la croissance économique et le besoin de transport. Durant la période post-Covid, la demande a été fortement tirée par les services, ce qui a proportionnellement entraîné une baisse de la demande de biens, et donc moins de transport de marchandises. Pour s'adapter, les chargeurs ont réduit leurs stocks excédentaires, ce qui a entraîné une nouvelle baisse du transport. Cette phase semble aujourd’hui révolue (...)
AU SOMMAIRE
- Un contexte économique incertain
- Vers une légère reprise de l’activité de transport routier
- Une lueur d’espoir pour la construction
- Une industrie toujours en panne
- Une pénurie de chauffeurs structurelle
- L’inexorable hausse des coûts
- De nouvelles obligations réglementaires
- Un marché des camions toujours en berne en 2024 et 2025
- Des conditions globales favorables aux acquisitions
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