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Retour des navires via Suez : l’étonnant silence des chargeurs

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Publié le 10/12/2025
Modifié le 10/12/2025
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Retour des navires via Suez : l’étonnant silence des chargeurs

Alors que l’hypothèse d’un retour des navires via le canal de Suez revient sur la table, les grands absents du débat sont finalement les chargeurs, assez silencieux, fragmentés et pour tout dire désorientés autour de cette question.

L’arrêt des attaques contre les navires marchands, promis par les rebelles houthis du Yémen, conduit les compagnies maritimes à envisager un retour des navires porte-conteneurs via la mer Rouge et le canal de Suez. On aurait pu s’attendre à ce que les chargeurs exercent une certaine pression pour stimuler ce mouvement, alors que les compagnies l’abordent avec une grande prudence et l’annoncent très progressif. Mais en cette fin d’année, c’est plutôt un silence assourdissant qui prédomine, pour plusieurs raisons :

  • Les grands acteurs du retail européen commençaient tout juste à bien recaler leurs chaînes logistiques, après deux ans de passage par la route du cap de Bonne-Espérance. Ils ne sont donc pas pressés de devoir à nouveau recaler leurs schémas logistiques, d’autant plus que l’allongement de la route n’était finalement pas une si mauvaise chose, en leur permettant de bénéficier en quelque sorte d’un stock flottant, et d’une baisse des frais de détention et surestaries. Des supply chains de nouveau bien calées et des frets abordables : que demander de plus à part un meilleur respect des horaires ? Un nouveau changement de l’offre n’est finalement pas une si bonne nouvelle pour eux.
  • Pour les exportateurs européens, déjà pénalisés par un Euro trop fort et des restrictions multiples d’accès aux marchés extérieurs, la situation est différente. Le retour par Suez pourrait faire espérer un regain d’activité sur des marchés perdus ou en déclin ces dernières années, grâce à l’amélioration des transit times. Mais les chargeurs sont en assez mauvaise position pour mettre la pression sur les compagnies, car les taux de fret sur le marché export dry vers la Chine sont aujourd’hui extrêmement bas. Difficile de réclamer un service supplémentaire sur la base d’une prestation si peu rémunérée, ce qui peut là encore expliquer la discrétion des chargeurs.

La pression sur le contrôle des émissions sera-t-elle suffisante pour que la route la plus courte redevienne la route préférée des chargeurs ? Le compromis est loin d’être évident !

Jérôme de Ricqlès, expert maritime Upply